Floc'h

La galerie Pixi à Paris présente du 4 septembre au 6 octobre 2001, Faces, une exposition rassemblant les oeuvres les plus récentes de Floc'h, artiste atypique aux oeuvres originales et difficilement définissables (formes de bois posées directement sur le mur, enduites d'acrylique noire). S'agit-il de tableaux, de sculptures ? Non, et peu importe, puisque ces formes, ces découpes, ces silhouettes, ces allusions s'imposent à l'oeil par leur densité et leur évidence. Les formes proposées par Floc'h n'ont jamais été si simples et dépouillées, aussi clairement découpées. Pour évoquer un visage, l'artiste ne tente pas de traduire une singularité, mais n'en conserve qu'un ensemble de formes anonymes. S'il s'autorise la citation (Arp, Calder) et l'auto-citation, il évite en revanche la parodie.

Documentation:

Pré-Faces
Evoquer un visage, c'est généralement cerner une singularité: couleurs des yeux, traits particuliers, qualité de la chevelure, etc... Avec Floc'h, il s'agit au contraire de n'en conserver qu'un ensemble de formes anonymes : signes noirs sur blanc qui suffisent à indiquer, sinon une présence charnelle, du moins une image, un souvenir possible.
« Figure » implique en conséquence qu'il soit d'abord fait abstraction des marques d'individualisation. Le visage est ainsi restitué par un ensemble de formes sombres arbitraires, sans correspondance systématique avec l'arête d'un nez, les plis d'une bouche, les orbites ou sourcils, l'avancée d'un menton. Il peut arriver, en l'absence d'un contour général, qu'une virgule coïncide avec une fossette, non pour accentuer son descriptif, mais pour équilibrer une composition et garantir la cohérence de la perception;
Le noir se substitue indifféremment aux reliefs ou aux creux de la face : ambivalence qui prouve sa capacité à générer l'illusion. Car s'il est vrai que toute représentation se constitue par un rapport subtil entre le visible et l'invisible, force est de constater que ce dernier a cette fois la part royale, le blanc domine. Il n'est pas neutre cependant, dès lors qu'une première inscription noire en révèle le dynamisme et modifie son économie. La leçon des dessins de Matisse et du graphisme abstrait se trouve très normalement relancée dans ces travaux de Floc'h.
Qui invite le regardeur à se satisfaire également, ou alternativement, des formes isolées et du sens global que produit leur disposition. Dans le premier cas, on sera attentif à la souple élégance de chacune, à ce qu'il y a de caressant, de quasi - sensualité en même temps que de franche netteté dans sa définition. Vision privilégiant le détail qui ne figure pas à lui seul, susceptible de quelque expérience des découpes d'un Arp .Si l'on préfère la totalité (ce que favorise bien sûr le format de ces planches, reprise de dessins préparatoires pour des pièces au mur, qui atteignent 1,30 mètres dans leur plus grande dimension), on reconnaîtra non des visages particuliers , mais bien l'affleurement d'une sorte d'idée du visage en général, tel qu'il s'anime en fonction de diverses émotions. Moins un visage en somme que son ombre, on peut penser également à certains masques( Japonais ou Tibétains, sinon de shaman sibérien: à chacun ses références rêveuses).

Comme s'il s'agissait aussi de soustraire du graphisme tout ce qui ne lui est pas essentiel et de n'en conserver que ce en l'absence de quoi il ferait défaut. Floc'h décidément, est beaucoup plus concerné par le repérage et l'expérimentation des limites de sa pratique que par la fidélité à un modèle : tant pis pour les amateurs de portraits, tant mieux pour ceux qui sont épris de rigueur dans sa version audacieuse.

Gérard Durozoi.


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