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Faites vos jeux... Cette année c'est le Pavillon français qui remporte le Lion d'Or de la 51ème biennale d'art contemporain de Venise. Celui-ci est rebaptisé Casino par Annette Messager. Casino, un mot compris dans toutes les langues mais qui signifie aussi bordel ou petite maison en italien... L'artiste a choisi comme guide un italien famosissimo, Pinocchio. En trois actes, elle imagine une allégorie, dont le pantin mythique est le point de départ. Après avoir soulevé les grands rideaux blancs qui masquent l'entrée, imprimant une ambiance mystérieuse qui sied bien à la Sérénissime, on découvre dans la pénombre de la première salle le petit bonhomme de bois allongé sur un polochon, traîné par un mécanisme dans les galeries souterraines d'une montagne de polochons assemblés entre eux par des liens noirs, qui retiennent également d'étranges animaux, peluches ou jouets. C'est dans de lointains souvenirs que nous plonge ce premier tableau, période de la vie où peur et jeu ne font parfois qu'un. N'est ce pas ce sentiment particulier que l'on tente de retrouver en jouant son argent ? Au casino ? Rien ne va plus... La suite de l'histoire nous plonge dans l'obscurité d'une salle où presque tout l'espace est occupé par un voile rouge au sol, sorte de langue gigantesque et soyeuse, palais merveilleux aux reflets changeants. L'installation rappelle le passage de Pinocchio dans le ventre de la baleine. Le voile rouge se gonfle et se déverse en formes rondes et féminines, donnant naissance à des créatures marines qui apparaissent sous la toile en s'illuminant lentement. Il s'agit ici d'un jeu animé, articulé, que l'artiste a savamment mis en scène. Elle se pose en chef d'orchestre d'un thème de quatorze minutes. On se laisse prendre au jeu, et l'on découvre des masques noirs suspendus qui sont descendus si lentement que l'on ne s'en est pas aperçu. On reconnaît à nouveau Pinocchio dans ces ombres chinoises puis tout s'éteint, se rallume, recommence. Lancez les dés... Dans la troisième et dernière salle, on observe un filet dans lequel reposent d'étranges peluches faites de tissu rembourré et cousu : dés, bras, membres informes mélangés à des sacs plastiques. Sorte de gigantesque réceptacle de résidus du vivant. On s'approche. Et soudain un jeu de pistons se met sans prévenir en mouvement, tendant et détendant brutalement ce filet où tout se mélange. Fête foraine ou Double six ? Annette Messager joue avec son spectateur. Mais comme la vie, le jeu peut basculer, et tout s'arrête alors comme le destin du taureau dans l'arène auquel l'artiste compare volontiers notre humaine condition. Légendes 1 - Annette Messager, devant le Pavillon français, à la Biennale de Venise 2 - Entrée du Pavillon français : Casino 3 - Dehors, 2004-2005, traversins, bois, objets divers, tissus, enclos motorisé, drisses, projecteurs asservis, dimensions variables (détail) © courtesy galerie Mariane Goodman, Paris/New-York 4 - Dedans, 2004-2005, pongés de soie, tissus, éléments divers, fibres optiques, fluos, drisses, système piloté par ordinateur, 4 x 16 x 12 m (détail) © courtesy galerie Mariane Goodman, Paris/New-York 5 - Dessus, 2004-2005, tapis de saut, filets, drisses, matériaux divers, système pneumatique automatisé, 5 x 6 x 6 m (détail) © courtesy galerie Mariane Goodman, Paris/New-York page d'accueil - Entrée du Pavillon français : Casino (détail) Eléments biographiques : Annette Messager est née en 1943 à Berck. Elle a étudié à l'Ecole des Arts Décoratifs de Paris. Aujourd'hui, elle vit et travaille en région parisienne. Expositions personnelles récentes (sélection) : 2005 2004 2002 2000 1999 Casino Pavillon français - 51ème exposition d'art de la Biennale de Venise du 12 juin au 6 novembre 2005 www.labiennale.org
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