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Sophie Ristelhueber
Vue de l'expositionLa ligne de l'équateur
Sabra et Chatila
Chatt-al Arab et Waterloo

SOPHIE RISTELHUEBER, exposition "Géographiques", dans le cadre des Transphotographiques

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Présentation par Anne de Mondenard, Commissaire Générale du programme officiel des Transphotographiques :

Sophie Ristelhueber poursuit, depuis son travail sur la ville de Beyrouth détruite par la guerre, en 1982, son exploration du monde, sa réflexion sur le territoire et son histoire. A la façon d'une archéologue, elle interrroge les traces laissées par l'homme en surface. Cette obsession des marques l'a souvent conduite sur des lieux à la culture millénaire mais aussi synonymes de guerre, des lieux marqués par une activité incessante de construction et de destruction. Les vues aériennes ou au raz du sol, qu'elle a réalisées des champs de bataille après la première guerre du Golfe, ont été réunies dans un petit livre. Fait (1992).

Les photographies exposées dans l'Aquarium de Valenciennes, des paysages vides, gagnés par une atmosphère de désolation, ouvrent une autre question : celle de la représentation d'un lieu mythique, présent dans la mémoire collective, confronté à la banalité de son état actuel. La question est posée par la présence même d'une inscription manuscrite sur la photographie désignant le lieu et la date de prise de vue. Les cinq oeuvres présentées ont déjà été rassemblées dans une exposition collective, en 1997, qui s'intitulait Géographiques : territoires vécus, territoires voulus, territoires figurés. Sophie Ristelhueber propose effectivement, à travers cette série libre, un dialogue entre le vécu et le figuré. Elle explique : "La ligne de l'équateur, pour moi, c'est un globe terrestre dans une salle de classe, coupé en son milieu par le parallèle 0°. Comment photographier quelque chose d'aussi abstrait ?" Elle a choisi la terrasse d'un café abandonné sur l'île de São Tomé, dans le golfe de Guinée, un des sites que traversent ces 40 000 kilomètres d'abstraction. La vue aérienne de Chat al-'Arab montre ce delta situé en Irak, formé par la confluence du Tigre et de l'Euphrate et, qui termine la Mésopotamie : "Là où se sont développées les premières civilisations urbaines, rien à voir avec ces marais de l'Irak asséchés et troués par les bombes". Elle poursuit : "Sodome. Cette usine d'extraction de sel, au sud de la mer Morte, peut-elle être considérée comme un vestige du châtiment qui a frappé la cité biblique ? Sabra et Chatila. En quoi ces deux enfants, le cheval et la bicyclette évoquent-ils le massacre commis en ces lieux quelques mois plus tôt ? Waterloo. No comment !"

Légendes

1 - Sophie Ristelhueber

2 - Vue de l'exposition

3 - La ligne de l'équateur, 1988 © Sophie Ristelhueber

4 - Sabra et Chatila, 1982 © Sophie Ristelhueber

5 - Chatt-al Arab, 1991 et Waterloo, 1996 © Sophie Ristelhueber

page d'accueil - La ligne de l'équateur, 1988, détail © Sophie Ristelhueber

Eléments biographiques :

Sophie Ristelhueber, née le 21 octobre 1949 à Paris, où elle vit, étudie à la Sorbonne et à l'Ecole pratique des hautes études. Jusqu'en 1980, elle travaille dans l'édition. Ses oeuvres fondatrices datent de 1982 à 1986, quand elle enregistre la destruction de Beyrouth, puis, pour la Mission photographique de la DATAR (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale), elle observe des paysages dans les montagnes françaises du Centre et des Alpes. Par la suite, Sophie Ristelhueber ne cesse de se porter sur les lieux de conflits - Arménie, Bosnie, Liban, Koweït, Iraq, corps opérés, recousus, la maison de l'enfance.

Sophie Ristelhueber déclare: "Je suis une femme en colère". Toujours selon ses propres mots, elle "[s]'attache depuis plus de vingt ans, aux désordres de lieux traversés par des événements majeurs (mais d'origine très diverse), tels qu'une guerre civile (Beyrouth - Photographies, 1984), un tremblement de terre (Arménie, 1989), la guerre du Golfe (Fait, 1992), les conflits balkaniques (Every One, 1994, et La campagne, 1997), les grandes frontières symboliques d'Asie Centrale, avant que le 11 septembre ne les mette en première ligne (L'Air est à tout le monde, II, III, IV, 2000, 2001, 2002), la Mésopotamie, de Babylone aux conflits les plus récents (Dead Set, 2000, et Irak, 2001)".

Ce que l'artiste accomplit n'a pas vocation de s'inscrire dans le contexte - fortuit, éphémère - du reportage. Elle interroge les confins de la fiction et de la réalité, parcourt les marges, se livre à une manière d'archéologie des indices, elle se fond, muette, dans le monde perceptible et audible.

Géographiques

du 25 mai au 25 juin 2005

L'Aquarium

8, rue Ferrand

59300 Valenciennes

www.transphotographiques.com

 

 
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