Roberta Gregory
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Rencontre avec Roberta GREGORY, créatrice du personnage de BD Bitchy Bitch.
(Parution de l'album « Bitchy Bitch part en vacances » aux éditions Vertige Graphic)

"Bitchy Bitch est certainement la femme la plus en colère d'Amérique", écrivait Jean-Paul Jennequin en 4ème de couverture du premier volume édité en français par la maison Bethy. C'est vrai, au bureau comme à la maison, Bitchy Bitch ne cesse de pester contre tout ce qui lui tombe sous la dent : la bêtise de ses voisins, celle de ses collègues, de la société, le sort médiocre qui est le sien. Figure paroxystique de l'américaine moyenne, "executive" et "middle class", frustrée sexuellement aussi bien que socialement, Midge McCracken est une des figures majeures de la nouvelle BD underground américaine. Telle Don Quichotte ou comme l'Avare, Bitchy Bitch est une trouvaille, un paradigme social.
Par ailleurs, "on pourrait facilement voir Midge comme une secrétaire râleuse à la vie affective très morne, chargée de regrets » nous expliquent Jean-Noel et Nathalie Lafargue dans l'Indispensable, « et on aurait beaucoup de mal à s'apitoyer sur elle. Mais elle possède une telle hargne, une telle violence envers tout ce qui l'entoure (au point que sa bouche est souvent dessinée bien en dehors de l'ovale de son visage) qu'on finit par s'attendrir et par admirer cette énergie : elle ne lutte plus contre rien depuis longtemps, n'attend visiblement plus grand chose - ni l'amour, ni même une vie un tant soit peu satisfaisante - mais la rage intérieure qui l'anime nous la rend vivante et finalement attachante".
Un attachement qui fait de Bitchy Bitch une star auprès des fans américains de l'Underground: ses aventures sont traduites en plusieurs langues, notamment en chinois; une pièce de théâtre fut tirée de ses "exploits" ; et une série de dessins animés, déjà visible sur le Net, est en cours de production.

« Quand Bitchy part en vacances »

Fauchée, frustrée, indécise, Bitchy est incapable en temps normal de prendre des vacances. Mais voilà: elle qui n'a jamais de chance, elle se les voit OFFRIR, ces vacances, GRATUITEMENT. Son malheur? C'est que ce sont des vacances POUR DEUX PERSONNES. On imagine la torture que ceci représente pour notre célibataire endurcie.

Dans la seconde partie de l'ouvrage, Midge est de retour au bureau. Son petit univers n'a rien de celui de Gaston Lagaffe. On y retrouve l'habituelle cinglante galerie de portraits de la société américaine: Marcie, l'activiste ultra-religieuse, est affublée, dans la version américaine, d'un accent digne de celui de Georges W. Bush – elle s'avère aussi peu libérale que lui ; Sylvia, la petite « yuppie » branchée « new age » ; quant à la chef de bureau, politisée et faux-cul, elle temporise à tout va pour s'engluer dans le politiquement correct. Et dans ce petit monde, voilà que débarque à un poste à responsabilités une copine d'enfance de Midge McCracken, et voilà que Bitchy juge son destin particulièrement clément ces derniers temps.

Mais notre intégriste de service pose immédiatement « la question qui tue »: « c'est quoi le triangle rose que la nouvelle a sur sa voiture? ». Elle trouvera réponse et sera bientôt à l'origine d'une pétition vitupérant cette compagnie "qui engage décidément n'importe qui". La perspective que la copine d'enfance de Midge soit lesbienne a provoqué un séisme dans la vie du bureau. Une occasion unique pour Roberta Gregory de dénoncer de façon définitive le racisme homophobe qui n'est pas le seul apanage des Etats-Unis.

Le père de la dessinatrice américaine Roberta Gregory dessinait les aventures de Donald pour Disney. Sa fille a longtemps été maquettiste pour les éditions Fantagraphics où elle a mis en page les oeuvres complètes de Crumb. Sans doute en réaction au goût sirupeux de l'un et aux propos excessivement machistes de l'autre, elle a développé une oeuvre indépendante qui fera dire à Jean-Noel et Nathalie Lafargue qu'elle est « féministe, mordante et aux thèmes réalistes, dont un des morceaux de choix, [est] la série OENaughty bits (parties honteuses) », publiée en recueils sous le nom de Bitchy Bitch.

Née en 1953 en Californie, elle a longtemps été sa propre éditrice avant de rencontrer le succès international qu'on lui connaît aujourd'hui.

BITCHY BITCH EN VACANCES
Par Roberta GREGORY
Traduit de l'américain par Jean-Paul JENNEQUIN
EDITIONS VERTIGE GRAPHIC
108 PAGES NOIR ET BLANC

Pour en savoir plus :
La page de Jean-Noel et Nathalie Lafargue :
http://www.arpla.univ-paris8.fr/~spoutnik/bedetheque/robertagregory/bitchybitch.htm
et le site de Roberta Gregory (en Anglais) :
http://www.robertagregory.com