|
Exposition Oscar Niemeyer au Musée du Jeu de Paume
Une des figures emblématiques du renouveau en architecture, créateur des principaux bâtiments de Brasilia, les nombreuses réalisations (plus de 500 projets au total) d'Oscar Niemeyer ont marqué depuis le milieu des années 30 jusqu'à aujourd'hui l'histoire de l'architecture.
Niemeyer est d'abord un sculpteur d'espace, qui a rompu avec la contrainte de l'angle droit ; il est aussi celui qui a, en presque soixante-dix ans de carrière, enrichi le monde d'un patrimoine visible du Brésil à la France et à l'Algérie et d'Italie ou d'Allemagne aux Etats-Unis.
Niemeyer a toujours accompagné les métamorphoses de son pays quand elles s'orientaient vers la quête d'une identité aspirant à la modernité et au progrès social. « Je n'ai aucun enthousiasme pour l'architecture rationaliste avec ses limites fonctionnelles, sa rigidité structurelle, ses dogmes et ses théories. L'architecture est faite de songe et de fantaisie, de courbes généreuses et de grands espaces libres - tellement liés à notre architecture coloniale. Je me rappelle comment beaucoup m'accusaient de formalisme, de pénétrer dans les formes gratuites qu'ils craignaient tant. Je ne les ai jamais pris au sérieux. Le béton armé permet à l'architecte qui a le sens de la poésie de s'exprimer. Il faut savoir inventer, en faisant appel à toutes les techniques qui sont à notre disposition. Pourquoi se soumettre à des règles, à des principes intangibles ? »
Réalisée avec sa collaboration, cette exposition permet de découvrir, au travers de maquettes, photographies, dessins et supports audiovisuels, les différents aspects de ses réalisations, particulièrement à Brasilia et en France, et de donner la pleine mesure de l'engagement d'un esprit qui conçoit l'architecture de manière révolutionnaire
Exposition du 6 février au 31 mars 2002
Repères biographiques
Né à Rio de Janeiro en 1907, Niemeyer y fait ses études à l'Ecole nationale des Beaux-Arts. Il débute sa carrière en 1934 dans le cabinet d'architecture de Lúcio Costa, où il collabore à la construction du Ministère de l'Education et de la Santé, à Rio de Janeiro, qui manifeste par son allure générale l'influence directe du Corbusier, qui en est l'architecte-conseil. Néanmoins, Niemeyer lui écrivit : « J'espère que vous appréciez notre effort dans le sens de l'interprétation des idées et des partis que vous nous avez enseignés... ».
En 1940, il imagine pour le nouveau quartier de Pampulha à Belo Horizonte un club, un restaurant, un casino, un aéroport et l'église Saint-François-d'Assise qui rompt avec le credo de l'angle droit. Sept ans plus tard, Le Corbusier adopte, à son tour, les formes courbes pour Nôtre Dame du Haut à Ronchamp. En collaboration avec ce dernier, il participe au concours du siège de l'Organisation des Nations-Unies à New York, qu'ils remportent en 1947. A partir de 1951, il construit les pavillons d'exposition du parc d'Ibirapuera à São Paulo (palais des Nations, des Etats, des Industries, des Arts, de l'Agriculture...). En 1955 il attire l'attention internationale à l'Interbau à Berlin qui invitait des architectes renommés à construire tout un quartier.
En 1956, le président du Brésil nouvellement élu, Juscelino Kubitschek, le charge de réaliser les édifices publics de la nouvelle capitale fédérale, Brasilia, dont Lúcio Costa avait tracé le plan d'urbanisme. Niemeyer a alors la chance que le pouvoir soit en adéquation avec ses opinions politiques et son idéal social, et il inscrit alors dans le béton la rencontre d'une volonté du gouvernement qui aspire à un Brésil riche et égalitaire et de son engagement d'architecte qui rêve de construire une ville d'un monde meilleur. Construite en moins de 10 ans, cette cité futuriste est une alternative poétique au style international alors dominant.
Se succèderont alors jusqu'en 1965 : le Palais d'Alvorada (1957), résidence du chef d'état, la Place des Trois-Pouvoirs avec le Congrès National (1958), signalé par deux coupoles dont l'une inversée en contrepoint de tours jumelées qui abritent les services administratifs, le Palais du Planalto (1958), le Tribunal Suprême, les sièges des différents ministères, le théâtre national, l'aéroport (1965) et surtout la Cathédrale, image et symbole de la nouvelle capitale du Brésil. L'ampleur et la monumentalité de cet ensemble exceptionnel, l'élégance plastique et la clarté linéaire de chacun des bâtiments, alliant puissance et légèreté, développant, pour les pilotis, un lexique formel inédit et évoquant dans leurs structures les monts érodés, les baies et les plages du pays, forment « un choc architectural qui a fait entrer le Brésil dans la modernité. »
La dictature militaire brise momentanément ses projets brésiliens. Homme engagé, il poursuit son rêve ailleurs. Contraint à l'exil, il part en 1967 en France où il réalise le siège du Parti Communiste à Paris (1965), la Bourse du travail de Bobigny (1972), la Maison de la Culture du Havre (1972), le siège de l'Humanité à Saint-Denis (1987). En Italie, il conçoit le siège des éditions Mondadori à Milan (1968), le bâtiment de la FATA à Turin (1975) ; en Algérie, l'université de Constantine (1969)...
De retour au Brésil avec le rétablissement de la démocratie, il enseigne à l'université de Rio et poursuit sa carrière d'architecte visionnaire, dessinant à São Paulo le mémorial de l'Amérique latine (1987), conçu pour rassembler les peuples contre l'impérialisme, ou le musée d'art contemporain de Niterói (1991) à Rio de Janeiro.
|
|
|