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Art du portrait et mondanités de Carolus-Duran à Eva et Adèle.
A l'éclat du regard de la Marquise d'Anforti peinte par Carolus-Duran répond le sourire de Tina Turner photographiée par Gary Lee Boas à peine un siècle plus tard. Pour la société bourgeoise et mondaine de la fin du XIXème siècle et l'univers médiatique des stars d'aujourd'hui, le portrait est synonyme de reconnaissance et de célébrité.
A l'occasion d'une grande exposition rétrospective du peintre Carolus-Duran (1837-1917) au Palais des Beaux-Arts de Lille, le musée des beaux-arts de Tourcoing met en scène l'art pictural du XIXème siècle et des oeuvres d'art contemporain afin de confronter les images des célébrités d'hier et d'aujourd'hui. Comment le genre du portrait en peinture a-t-il évolué avec la pratique photographique du paparazzi ? Si, pour Andy Wahrol, chacun a accès à son quart d'heure de célébrité, cela s'inscrit dans le sillon d'une large diffusion médiatique liée à une frénésie de la consommation. Les portraits d'apparat de Carolus-Duran, en tant qu'armes contre l'oubli, évoquent un passé désormais révolu. S'y substituent les interrogations des artistes contemporains sur l'identité : Eva et Adèle développent une image omniprésente de leur duo, le rose bonbon de leurs tenues accompagnant les événements artistiques les plus médiatiques; Pierre et Gilles interrogent les codes de représentation du portrait classique tandis que Gary Lee Boas collectionne les clichés des stars. Réunis sous le titre "Face & Cie (Facéties), Carolus-Duran et compagnie", le dialogue de ces oeuvres engage une réflexion sur la construction de l'identité et son aspiration à la reconnaissance à travers l'image.
Cette exposition à Tourcoing est le troisième volet de l'"Hommage(s) à Carolus-Duran" présenté simultanément au Palais des Beaux-Arts de Lille et au Musée d'art et d'industrie de Roubaix. Lille, ville natale du peintre, propose une exposition rétrospective de son oeuvre. Subtil portraitiste, Carolus-Duran s'impose comme une illustre figure de l'école française et influence de nombreux artistes de l'époque. De ses toiles se dégage avec force la physionomie du sujet, insufflé de mouvement et de vie. Ainsi le peintre précède le mouvement impressionniste et y est uni par sa modernité.
A la Piscine de Roubaix se tient "Des amitiés modernes, de Rodin à Matisse : Carolus-Duran et la société nationale des beaux-arts de 1890 à 1905", exposition qui déploie toute la modernité d'une époque autour des oeuvres de Rodin, Puvis de Chavannes, Boudin, Sysley, Bonnard et Bourdelle...
Cet "Hommage(s) à Carolus-Duran" nous permet de redécouvrir une époque avec le regard d'un peintre et de chercher dans la saveur de nos jours les traits qui s'accorderont avec notre mémoire, composant peu à peu les tonalités de l'identité.
3 expositions du 9 mars au 9 juin 2003 "Carolus-Duran, Rétrospective" / Palais des Beaux-Arts de Lille.
"Des amitiés modernes, de Rodin à Matisse : Carolus-Duran et la société nationale des beaux-arts de 1890 à 1905" / Roubaix La Piscine / Musée d'art et d'industrie André Dilligent / Roubaix.
"Face & Cie (Facéties), Carolus-Duran et compagnie" / Musée des Beaux-Arts de Tourcoing.
Repères biographiques Emile-Auguste Carolus-Duran, né en 1837 à Lille, est une figure emblématique de l'art français du XIXème siècle. Marqué par le réalisme de Courbet, il a vu émerger le mouvement impressionniste et côtoie Monet, Fantin-Latour, Berthe Morisot et Manet.
Son art du portrait, jouant avec les clairs-obscurs, relève d'une technique qui se veut exigeante, donnant ainsi expression et puissance à ses peintures.
L'artiste ne se limite pas à ce genre ; travailleur acharné, il a également réalisé de nombreux paysages, des nus et des peintures d'histoire et religieuses que le Palais des Beaux-Arts de Lille nous invite à découvrir. En effet, jusqu'à présent seul le musée du Luxembourg de Paris lui avait consacré une exposition rétrospective en 1919, deux ans après son décès dans cette ville.
"La peinture n'est pas un art d'imitation, elle est un art d'interprétation. C'est la sensation qu'on éprouve des choses qu'il faut rendre et non les choses exactement. Dire le plus possible avec le moins possible, c'est-à-dire chercher ce qui caractérise et ne donner que cela. En art, tout ce qui n'est pas indispensable est nuisible". Carolus-Duran
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