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Valie Export
En 1967, Waltraud Lehner Hollinger choisit de prendre le nom de Valie Export, label sous lequel elle diffuse une oeuvre engagée, idéologique et politique à laquelle le Centre National de la Photographie consacre actuellement une exposition rétrospective commisariée par Caroline Bourgeois.
Dans une oeuvre de jeunesse "Genital Panic" : Valie Export est photographiée, assise, les cheveux ébouriffés, face aux regards ; les jambes écartées, elle brandit une arme à feu tandis que son pantalon, découpé, laisse voir son sexe. C'est au sexe "faible" d'imposer sa propre identité plutôt que d'exister à travers le regard de l'homme. A côté, l'installation "I beat it" de 1980 présentée alors à la Biennale de Venise, montre la silhouette enchaînée de l'artiste nue qui se découpe au milieu de trois moniteurs. Des chiens menaçants y aboient, symbolisant chacun un pouvoir institutionnel. L'artiste-femme, prisonnière de ce système patriarcal, n'a d'autre alternative que de se laisser guider et de se tenir en retrait par rapport à cette démonstration violente de la force.
Dans cette exposition, photographies, installations, vidéos, dessins et archives nous replongent dans l'univers de cette figure majeure de l'art autrichien méconnue en France. Un parcours de plus de trente années de travail est représenté. L'artiste s'engage dés la fin des années 60 aux côtés des actionnistes viennois dans une lutte féministe qui n'a de cesse de dénoncer nos attitudes où se mettent en scène les clichés de la culture. Elle met en branle ce jeu de cartes où le désir de l'homme et ses fétiches scellent sur la réalité des femmes les valeurs de leur mise. Dans "Body Sign Action", performance de 1970, elle se fait tatouer un porte-jarretelles sur la jambe et dénonce ainsi l'édification des symboles de la féminité par les médias d'une société marchande.
En utilisant son corps en tant que matériau artistique, comme dans cette performance "Tap and touch cinema" proposé en tant que film lors d'un festival, Valie Export interroge nos comportements et l'emprise des codes sociaux sur nos corps à travers le sien, champ de bataille défiant l'aliénation.
Repères biographiques
Née en 1940, à Linz (Autriche). Vit et travaille à Vienne (Autriche) et à Cologne (Allemagne).
C'est en 1967 qu'elle décide de changer son nom de mariage contre celui qu'elle s'est choisi, Valie Export, en détournant un paquet de cigarettes de la marque "Smart export", qu'elle transforme en Valie Export et y appose sa photo. Très tôt, ses oeuvres, performances ou vidéos, à Vienne, appellent à la réaction et à une prise de position du spectateur plutôt qu'à une contemplation esthétique de l'objet. Aux côtés des actionnistes viennois, elle développe une réflexion sur la condition féminine et sur la complexité des relations de l'individu à une société encore penchée sur les questionnements de l'après-guerre. Plus tard, elle construit un vocabulaire personnel où s'opère une recherche sur le corps dans l'espace et son image en mouvement par l'intermédiaire de vidéos et d'installations expérimentales et interactives qui caractériseront son oeuvre. De nombreuses expositions lui ont été consacrées. Parmi les plus récentes, on compte des rétrospectives en Allemagne et aux USA : "Der Schrei" (Hambourg, 2001), "Der transparente Raum" (Vienne, 2001), "ConStruction" (Santa Monica, Californie, 2001), "Valie Export" (New York, Vienne et Linz, 2002), "Mediale Anagramme" (Académie des Beaux-Arts de Berlin, 2003).
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