Philip-Lorca diCorcia


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Philip-Lorca diCorcia

"Je faisais des photos dans des chambres d'hôtel, et puis je retournais dans la rue, comme les clients ordinaires des prostitués. Je m'avançais et je leur disais : Je veux vous prendre en photo, je vous paierai exactement ce que l'on vous paie pour une passe." raconte l'artiste Philip-Lorca diCorcia au sujet de sa série "Hollywood", réalisée en 1990. Rencontrés par hasard sur le Santa Monica Boulevard, lieux de prostitution masculine à Hollywood, des hommes posent sur les clichés de l'artiste. Leurs corps semblent figés, comme arrachés au flux électrique de la ville, et leurs visages, tels des masques fixent des expressions où l'on déchiffre tantôt la lassitude, tantôt la tristesse.
Dans les séries suivantes, Philip-Lorca diCorcia se laisse immerger dans l'ambiance de l'espace urbain, ainsi, il se saisit de tous ces instants qui nous échappent mais qui pourtant se composent en tableaux. Intitulée Two Hours, cette série est une succession de onze images de grands formats prises dans une rue de La Havane, au même endroit, à l'aide d'un dispositif d'éclairage automatique. Les gestes des passants semblent se répondre, les attitudes se croisent tandis que s'évitent les regards.
A Storybook life, son travail le plus récent, rassemble de nombreuses photos réalisées au cours de ces 20 dernières années. Comme dans un livre, les images se succèdent, et montrent des personnages "à l'oeuvre" dans le quotidien : un père et sa fille séparés par le château de sable qu'il vient de construire pour elle, un jeune homme sourit au travers de la fenêtre d'une voiture à une femme assise à l'intérieur dont on s'aperçoit qu'elle ne porte qu'un maillot de bain, une cuisinière, les yeux dans le vague, tient en main un grand couteau qui semble ne jamais s'abattre sur la planche de travail. Chaque expression est accentuée et, face aux différentes mises en scène de Philip-Lorca diCorcia, on imagine l'amorce d'une trame narrative, on évoque des récits cinématographiques, et, en même temps on devient le témoin de moments d'une vie où se tissent différentes rencontres. Pour Philip-Lorca diCorcia, la vérité sur nous-mêmes jaillit des faits et, même si l'on s'égare dans la contingence de la réalité, les morceaux éparpillés de nos vies nous conduisent toujours à ce sentiment d'inquiétante étrangeté.

Tournage réalisé pendant l'exposition de Philip-Lorca diCorcia,
au CNP, Paris (2003).

Repères biographiques :
Né en 1953 aux Etats-Unis, Philip-Lorca diCorcia vit et travaille à New-York.
En 1989, Philip-Lorca diCorcia reçoit une bourse d'Etat attribuée par le National Endowment of the Arts. Celui-ci venait d'être accusé par des politiques comme le sénateur Jesse Helms de soutenir des artistes dont le travail était qualifié d'obscène : les photographies de Robert Mapplethorpe étaient le sujet de controverses. Le NEA demanda alors à Philip-Lorca diCorcia de signer un contrat précisant que la projet subventionné ne comporterait aucun caractère obscène. Suite à l'obtention de cette bourse, l'artiste part en 1990 à Hollywood et réalise des photos de prostituées sur le Santa Monica boulevard. Puis il titre chacun de ses clichés avec le nom, l'âge et le lieu de naissance du modèle, ainsi son travail pouvant se situer comme art conceptuel fut accepté par le NEA malgré le sujet choisi.
Le travail de Philip-Lorca diCorcia est à présent régulièrement montré en Europe et aux Etats-Unis lors d'expositions collectives et personnelles : Whitechapel Art Gallery (Londres, 2003), PhotoEspana 2003, Fondacion Telefonica (Madrid, 2003), exposition d'Yvon Lambert, "Photographier" (Avignon,2002), "Hybrid", Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles (2000), Museo Nacional de Arte Reina Sofia (Madrid, 1997), MoMA (New York, 1993). Il est représenté à Paris par la galerie Almine Rech.