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Orlan, tournage réalisé au Centre national de la photographie à Paris, entretiens avec Bernard Blistène, Christine Buci-Glucksmann, Régis Durand, Robert Fleck, Jean-Hubert Martin et Jean-François Taddei autour du travail de l'artiste (2004). Entretien avec Orlan au CCC à Tours (2004).
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Quand le corps féminin devient le lieu d'une production artistique, la chair se marque des préjudices que la société lui assigne : routine des trajets quotidiens supprimant la liberté des mouvements, carcan du regard masculin, canons de beauté, société post-industrielle où, grâce à la chirurgie, le "beau" est taillé à coup de scalpel, images numériques aux reflets illusoires.
Depuis les années 60, Orlan a choisi son propre corps afin d'interroger toutes les pressions sociales qu'il subit. Ainsi dans son travail et avec le manifeste de "L'art charnel", en 1992, elle revendique un art de l'autoportrait où la question de la représentation cède la place à celle de l'incarnation. C'est déjà l'Orlan-corps, préfiguration des premières actions de mesurage, que nous voyions dans ses autoportraits des années 60 se confronter au regard social, en sortant du cadre tout simplement ou en déjouant les positions du corps dans la statuaire. Toute son oeuvre sera marquée par cette volonté de sortir du cadre, de rejeter la vie prévue pour elle par la société Les draps de son trousseaux seront bien brodés mais seulement pour révéler l'empreinte du sperme de ses amants, Avec le "Baiser de l'artiste" qui fait scandale à la Fiac en 1977, Orlan connaît la notoriété mais affronte aussi le rejet violent de la société pour cette "artiste putain" qui donne aux baisers qu'elle vend le statut d'oeuvres d'art. Dans la période difficile qui s'en suit, si son oeuvre se poursuit c'est certainement grâce à son incroyable volonté ainsi qu'à cette force joyeuse qui la caractérise. Son travail sur les codes de l'esthétique baroque donne naissance à la monumentale série des Vierges blanches et noires, mais aussi avec beaucoup d'humour, aux Vierges dans les garages.
Puis dans les années 90, elle s'intéresse aux nouvelles possibilités qu'offre la chirurgie esthétique, et décide de réinventer son visage dans des performances chirurgicales mises en scène comme de véritables fêtes de la chair où la douleur est bannie. Encore une fois, elle fait scandale, heurtant les sensibilités et affrontant l'hostilité de la société bien pensante. A partir de 1998, elle travaille sur sa propre image en choisissant de s'approprier les canons de beauté des civilisations pré-colombiennes puis africaines. Ces Hybridations sont réalisées à l'aide des technologies numériques de traitement de l'image. Aujourd'hui son travail se poursuit toujours au futur, avec les affiches du "Plan du film" qui annoncent un film où tout reste à faire.
A voir également :
"Le Plan du film" à la Fondation Cartier, 2002
"Eléments favoris", au Frac des Pays de la Loire, 2003
Rencontre avec Orlan à la FIAC 2003
Légendes :
1 - Orlan accouche d'elle-m'aime, 1964 81x76 cm (avec cadre), photographie noir et blanc. Tirage unique.
© Orlan.
2 - Série "Tableau vivant". La Grande Odalisque, 1971
30x40 cm. Photographie noir et blanc. 7 exemplaires.
Prise de vue : Paul Vacher. © Orlan.
3 - Le Baiser de l'artiste, 1977
© Frac des Pays de la Loire.
4 - Etude documentaire : "Le Drapé-Le Baroque". Sein unique : monstration phallique, 1983
20x30 cm, photographie noir et blanc collée sur aluminium. 5 exemplaires. Prise de vue : Luc Wouman. © Orlan.
5 - Série "Self-hybridation africaine". Cimier ancien de danse Ejagham Nigéria et visage de femme Euro-Stéphanoise, 2000
Photographie numérique, tirage papier photographique couleur
125x156 cm. © Orlan. Courtesy galerie Michel Rein, Paris.
6 - Série "Self-hybridation africaine". Profil de femme Mangbetu et profil de femme Euro-Stéphanoise, 2000
Photographie numérique, tirage papier photographique couleur
125x156 cm. © Orlan. Courtesy galerie Michel Rein, Paris.
7 - Vue de l'exposition ORLAN /04-04-04/ Pièce lumineuse. Pièce lumineuse (à droite) en collaboration avec l’architecte Philippe Chiambaretta. CCC à Tours, 2004.
8 - Orlan dans la pièce intitulée ORLAN /04-04-04/ Pièce lumineuse créée en collaboration avec l’architecte Philippe Chiambaretta
CCC à Tours, 2004.
page d'accueil - Refiguration/self-hybridation précolombienne n°14, 1998 (détail) - Cibachrome 100x150 cm.
© Orlan. Courtesy galerie Michel Rein, Paris.
Baiser de l'artiste, 1977 (détail) - © Frac des Pays de la Loire.
Repères biographiques :
Née en 1947 à Saint-Etienne, Orlan vit et travaille à Paris.
Depuis 40 ans, Orlan place son propre corps au centre de ses recherches artistiques. Il est le support d'actions et de performances que relaient vidéos et photographies. Parmi ses oeuvres les plus connues, "Le Baiser de l'artiste" où, à la Fiac en 1977, Orlan cédait un baiser contre une pièce de 5 francs, ou bien les "Opérations-chirugicales-performances" dans lesquelles le bloc opératoire se transforme en scène de théâtre baroque. Son travail a déjà fait l'objet d'expositions rétrospectives : au Centre National de la Photographie à Paris (2004), au Frac des Pays de la Loire (2003), au Centre de la Photographie de l'Université de Salamanca et musée Artium à Vitoria (Espagne, 2002). Son travail, d'envergure internationale, est montré régulièrement lors d'expositions collectives : "Tableaux vivants", Kunsthalle de Vienne (Autriche, 2002), "Dangereous Beauty", The Jewish Museum Center in Manhattan NewYork (Etats-Unis, 2002), "Babel 2002", Museum of Contemporary Art, Séoul (Corée, 2002), "Shock & Show", Reality & alternatives, 78 International Contemporary Art of Trieste, (Italie, 2002).
Orlan, Méthodes de l'artiste, 1964-2004
Centre national de la photographie
du 31 mars au 28 juin 2004
Hôtel Salomon de Rothschild
11, rue Berryer - 75008 Paris
01 53 76 12 31
Orlan
CCC
du 3 avril au 13 juin 2004
55 rue Marcel Tribut - 37000 Tours
02 47 66 50 00
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